L’essor des bornes de recharge : un nouveau défi pour les professionnels du bâtiment et des travaux

Face à l’essor de la mobilité électrique, les travaux d’aménagement évoluent rapidement. L’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques (V.E.) n’est plus un simple accessoire, mais devient un véritable enjeu technique et réglementaire dans les projets de construction, de rénovation ou d’extension. Les professionnels du bâtiment, maîtres d’œuvre, promoteurs, électriciens et artisans doivent désormais intégrer cette nouvelle donne à leurs pratiques.

Dans le résidentiel individuel, l’installation d’une borne de recharge est souvent anticipée dès la conception du projet. Les maisons neuves sont généralement équipées d’un circuit dédié, permettant d’accueillir une borne de recharge V.E. monophasée, offrant une puissance de 3,7 à 7,4 kW. Ce type d’installation, relativement simple, convient aux usages domestiques classiques, avec une recharge de nuit sur plusieurs heures. Toutefois, pour certains véhicules ou usages plus intensifs, une alimentation triphasée peut être envisagée, avec une puissance allant jusqu’à 11 ou 22 kW. Cela nécessite une étude de faisabilité électrique et, parfois, un renforcement du raccordement auprès du gestionnaire de réseau.

En rénovation, les choses se compliquent. Il peut être nécessaire de mettre à niveau le tableau électrique, d’installer un nouveau disjoncteur différentiel, de tirer une ligne dédiée ou de créer un espace pour un futur dispositif de pilotage énergétique. La configuration des lieux, la vétusté de l’installation existante et les contraintes d’accessibilité peuvent faire grimper le coût des travaux. Le choix entre bornes de recharge V.E. monophasées et triphasées doit être guidé par les besoins de l’utilisateur, mais aussi par les capacités du réseau local.

Dans le collectif, l’installation de bornes de recharge représente un défi encore plus structurant. La législation impose désormais le « droit à la prise » pour les copropriétaires, ainsi que le pré-équipement obligatoire des parkings neufs. Cela signifie que les promoteurs et les entreprises générales doivent prévoir dès la construction des gaines techniques, des réservations et des points de raccordement pour permettre l’installation de bornes ultérieurement, sans travaux lourds. Les projets doivent intégrer un dimensionnement électrique évolutif, capable d’accueillir plusieurs points de charge dans les années à venir, sans déséquilibrer le réseau du bâtiment.

Les entreprises doivent également composer avec la réglementation IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicules Électriques), qui encadre les travaux d’installation. Toute intervention au-delà d’une puissance de 3,7 kW doit être réalisée par un professionnel certifié. Cela implique pour les artisans électriciens de se former à cette nouvelle compétence, afin de pouvoir répondre aux appels d’offres et aux besoins croissants du marché. De nombreux centres de formation proposent aujourd’hui des modules spécialisés pour accompagner cette évolution.

Outre les aspects techniques, les chantiers de bornes posent aussi des questions de gestion énergétique. Les solutions de recharge intelligente (pilotage de la charge, gestion dynamique de la puissance, intégration à des systèmes photovoltaïques) sont de plus en plus demandées. Elles nécessitent des compétences transversales entre électricité, domotique et IT.

L’essor des bornes de recharge s’impose donc comme un moteur de transformation pour le secteur des travaux. Il ouvre de nouvelles perspectives économiques, mais exige également de s’adapter rapidement à des exigences techniques, normatives et environnementales en constante évolution. Pour les professionnels du bâtiment, il ne s’agit plus seulement de construire ou de rénover, mais de préparer la ville et l’habitat à accueillir les mobilités de demain.


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